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Une vague de chaleur inégalée en Sibérie entraîne incendies et marée noire

10 juillet 2020
Cédric
Cédric

Une conséquence du changement climatique en Sibérie

Les températures en Sibérie ont atteint une hausse moyenne de +5°C en juin au milieu d’une vague de chaleur qui attise certains des pires incendies de forêt que la région ait jamais connus, selon les données de l’Union européenne mais accélère aussi la fonte du pergélisol.

Le mois dernier, les températures mondiales égalaient le record établit de 2019, et une « chaleur exceptionnelle » a été enregistrée au-dessus de la Sibérie arctique, a déclaré mardi le programme européen d’observation de la Terre Copernicus.

« Cet hiver a été le plus chaud en Sibérie depuis le début des enregistrements il y a 130 ans« , note dans The Guardian la météorologue Marina Makarova. « Les températures moyennes étaient jusqu’à 6 °C supérieures aux normes saisonnières », précise-t-elle.

« À Verkhoïansk du 18 au 28 juin 2020, la température maximale a dépassé 30 ° et était de l’ordre de 31,4 ° à 35,2 ° avec un pic le 20 juin à 38,0 °. Juin-2020 à Verkhoyansk avec une température moyenne de 19,2 ° est devenue la plus chaude de l’histoire.
#JaravArctique # Yakoutie »

Des incendies toujours plus nombreux

Comme nous l’expliquions récemment dans notre article sur l’incendie de Biebrza, la chaleur exceptionnelle due au changement climatique a asséché le sol dans les vastes forêts boréales et la toundra de la région, attisant les incendies qui se sont intensifiés depuis la mi-juin. mais la persistance de cette chaleur, qui a provoqué d’impressionnants incendies en Sibérie. 

L’agence forestière russe a déclaré qu’au 6 juillet, 246 incendies de forêt s’étalaient sur 140 073 hectares et qu’une situation d’urgence avait été déclarée dans sept régions. Cette semaine, des images de la télévision d’État russe ont montré des avions jetant de l’eau près d’énormes colonnes de fumée blanche.

Les émissions de dioxyde de carbone des incendies de forêt dans la région le mois dernier étaient estimées à 59 mégatonnes (soit 59 millions de tonnes), contre 53 mégatonnes l’année dernière, a indiqué l’UE.

En effet, Mark Parrington, scientifique principal chez le Copernicus Atmosphere Monitoring (CAM) et expert en incendies de forêt au European Centre for Medium Range Weather Forecast, déclare: «Ce qui est remarquable avec ces incendies en Sibérie, c‘est la similitude frappante avec ce que nous avons vu au cours de la même période de l’année dernière en termes à la fois de la zone touchée et de l’échelle du les feux. L’année dernière a déjà été de loin un été inhabituel et record pour les incendies dans le cercle arctique dans notre ensemble de données Global Fire Assimilation System, qui remonte à 2003. Cette année a évolué de manière très similaire et si elle continue de progresser comme la dernière année, nous pourrions voir une activité intense au cours des prochaines semaines. « 

https://www.severe-weather.eu/global-weather/siberia-wildfires-dramatic-increase-mk/
Les colonnes de fumée blanche observé par la NASA

Une fonte précoce du permafrost

La vague de chaleur semble avoir un autre impact particulièrement dramatique: le 29 mai 2020, suite à l’effondrement du réservoir d’une centrale thermique en Arctique, 20 000 tonnes d’hydrocarbures se sont déversées dans la rivière de l’Ambarnaïa. Le géant minier Norilsk Nickel, propriétaire des centrales, évoque auprès de l’agence de presse russe TASS la fonte du pergélisol comme cause de l’accident.

« En ce moment, nous pouvons supposer qu’en raison des températures estivales anormalement douces enregistrées au cours des dernières années, le pergélisol pourrait avoir fondu et les piliers sous la plateforme auraient pu couler », a déclaré le directeur des opérations de Norilsk Nickel, Sergey Dyachenko, à TASS. La fonte du pergélisol est une véritable bombe à retardement. Le permafrost, en anglais, renferme deux fois plus de carbone que l’atmosphère terrestre. Il abrite des quantités de méthane et de CO2 équivalentes à environ 15 années d’émissions humaines.

Bien que les incendies de forêt soient courants dans l’hémisphère nord entre mai et octobre, l’emplacement et l’intensité de ces incendies ainsi que la durée de leur combustion ont été particulièrement inhabituels ces deux dernières années d’après le CAM.

L’année dernière l’équipe du professeur Romanovsky montrait déjà dans un article publié dans Geophysical Research Letter que le permafrost canadien dégelait 70 ans plus tôt que prévu.

« Ce qui est inquiétant, c’est que l’Arctique se réchauffe plus rapidement que le reste du monde », a déclaré Carlo Buontempo dans un communiqué. Dans toute la région arctique, les températures moyennes ont augmenté de plus de deux degrés celcius depuis le milieu du XIXe siècle, soit plus de deux fois la moyenne mondiale.

Références

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