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Comment les orques ménopausée aident à la survie dans leurs groupes

10 décembre 2019
Cédric
Cédric

Pourquoi les humains et certaines espèces de baleines passent par la ménopause reste un casse-tête évolutif. Dans cette étude dirigée par le Dr. Daniel W. Franks et publié dans le journal PNAS (info sur les journaux ici) le 9 décembre 2019, les chercheurs ont testé l’effet de la grand-mère chez les orques. Les résultats montrent que les grands-mères augmentent la survie de leurs petits-enfants, notamment quand elles ne se reproduisent plus. Des résultats intéressant en cette période d’instabilité ou les anciens sont montrés par les élites comme des assistés et ou le lien inter-générationnelle semble s’étioler.

De nombreux mammifères présentent une diminution de la fécondité avec l’âge qui est généralement corrélée à une sénescence somatique mais la ménopause est exceptionnellement accélérée par rapport à la sénescence somatique chez l’homme ainsi que l’orque et d’autres espèces de cétacés ! L’orque peut vivre 80 ans dans la nature mais ne peut plus se reproduire à partir de 30-40 ans, sa durée de vie post-reproductive est donc prolongée. Chez les hommes la raison de ce phénomène s’explique par l’hypothèse de la grand-mère selon laquelle l’âge « infertile » de la vie a pu conférer un réel avantage évolutif à l’espèce humaine en permettant aux grands-mères de s’occuper de leurs petits-enfants.

Rôle de la ménopause chez les orques

Ici, les chercheurs ont cherché à comprendre le rôle de la ménopause chez les orques. Ils ont étudié les données du recensement pour deux groupes d’orques. Les données comprenaient la date de naissance, la date de décès de chaque orque et l’identité de sa mère. À partir de cela, ils ont pu déterminer l’âge de décès de chaque orque, qui était leur grand-mère maternelle et quand leur grand-mère est décédée.

L’échantillon représentait 378 orques – 92 hommes, 76 femmes et 210 orques décédés avant d’atteindre la maturité sexuelle. L’équipe a constaté que, dans les deux années suivant le décès d’une grand-mère, un jeune orque était 4,5 fois plus susceptible de mourir que les orques dont les grands-mères post-ménopausées vivaient encore et 1,5 fois plus susceptibles de mourir que les orques dont les grands-mères se reproduisaient encore.

Les orques grand-mère fournissent en effet un soutien à leurs petits-enfants, et c’est particulièrement le cas lorsque les grands-mères sont post-reproductives. En arrêtant la reproduction, les grands-mères post-reproductives évitent non seulement les conflits de reproduction avec leurs filles, mais offrent également à leurs petits-enfants des avantages accrus supérieurs à ceux fournis par les grands-mères reproductrices.

L’arrêt de la procréation augmente ainsi la capacité d’une grand-mère à aider. Il existe un certain nombre de mécanismes potentiels qui peuvent expliquer cette conclusion. Par exemple, il est possible que, lorsque les grands-mères soutiennent leurs propres petits, leurs mouvements et leurs activités soient limités et qu’elles ne soient pas en mesure de jouer le rôle de leaders de la même manière que les femelles post-productrices.

De plus, les grands-mères avec leurs propres petits auront besoin de plus de nourriture pour la lactation et sont donc peut-être moins susceptibles de partager la nourriture avec les autres membres du groupe. D’autres études d’observation sont nécessaires pour étudier les interactions comportementales entre les grands-mères et les petits-enfants chez les orques.

Passage de savoir entre générations

Des recherches antérieures ont montré que les orques post-reproductifs agissent comme des dépositaires de connaissances écologiques et qu’ils jouent un rôle de leadership important pour le groupe lors de la recherche de saumons. L’importance de ce rôle de chef de file pendant les années de faible abondance de saumon peut expliquer pourquoi le coût de la perte d’une grand-mère est légèrement plus élevé pendant les années de faible abondance de saumon. Alors que les populations de saumons continuent de décliner, les grands-mères devraient encore gagner en importance pour ces populations d’épaulards.

Cette étude conforte donc l’hypothèse de la grand-mère qui aurait joué un rôle important chez les chasseurs cueilleurs et dans la société préindustrielle. Un sujet que j’ai considéré important puisqu’il a été publié en période de réformes des retraites et permet de reconsidérer les âgés comme des assistants et non des assistés. Ce thème me semble intéressant à étudier dans le contexte du changement climatique, de l’épuisement des ressources et de l’instabilité sociale afin de se questionner sur l’importance du lien intergénérationnel dans un groupe, notamment dans les périodes de crises.   

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