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L’introduction de nouvelles espèces restaure des fonctions écologiques disparues

8 avril 2020
Cédric
Cédric

Généralement, l’introduction d’une nouvelle espèce dans un écosystème est considéré comme nocive, empiétant sur le comportement des espèces native. Une étude publiée le 21 février 2020 par le docteur Lundgren et collaborateurs permet de mettre en lumière les effet positifs de ce type d’introduction via un effet positif sur les fonctions écologiques.

Les grands mammifères herbivores ont dominé les écosystèmes terrestres pendant plusieurs millions d’années avant de subir des extinctions et des déclins importants au cours du Pléistocène supérieur en raison des impacts humains préhistoriques et des changements climatiques (le pléistocène est une période marquée par des cycles glaciaires).

Une échelle de temps approuvée par l’UISG (2009) pour le Cénozoïque. Les noms des stades et les âges des limites sont tirés du site Web de l’ICS (janvier 2008).
http://quaternary.stratigraphy.org/major-divisions/

Les espèces structurent les écosystèmes

Le déclin des grands herbivores a entraîné des changements écologiques généralisés en raison de la perte de leurs fonctions écologiques et de leurs combinaisons uniques de caractères comme la masse corporelle, le type de fermentation ou encore alimentation. Cependant, récemment, les humains ont considérablement augmenté la richesse en espèces herbivores grâce à des introductions dans de nombreuses régions du monde, ce qui pourrait contrebalancer les pertes du pléistocène.

La plupart des recherches sur les herbivores introduits ont été menées en partant du principe qu’ils sont nouveaux sur le plan écologique et désavantagent ainsi les espèces résidentes. La possibilité que les herbivores introduits puissent en partie restaurer des fonctions écologiques ont été suggérées mais n’ont pas été rigoureusement évaluée.

Ici, les auteurs ont évalué la mesure dans laquelle les espèces herbivores introduites restaurent les fonctions perdues – ou contribuent à de nouvelles fonctions – par rapport aux populations du pléistocène avant extinctions. Des traits fonctionnels ont été construit en utilisant une base de données de traits pour tous les grands herbivores de plus de 10 kg existants et éteints connus depuis la première extinction du pléistocène (depuis il y a ∼130 000 ans jusqu’à nos jours).

  • Un trait fonctionnel est une caractéristique morphologique, physiologique ou phénologique d’un organisme qui affecte sa capacité à se reproduire et donc sa valeur sélective.

L’introduction de nouvelles espèces peut aussi avoir des effets positifs sur l’écologie locale

Les introductions ont permis de compenser 39% des pertes de traits fonctionnels issus des extinctions depuis le pléistocène à l’échelle mondiale. Les populations comprenant des espèces introduites sont globalement plus similaires à ceux du pléistocène que les populations natives uniquement. En effet, 64% des espèces introduites ressemblent davantage à des espèces éteintes qu’à des espèces existantes sur leurs continents respectifs. Ainsi, les hippopotames qui se sont échappé de la réserve de Pablo Escobar en Amérique du sud permet de compenser les traits de l’hemiauchenia, un genre de camélidés disparus.

espece écologie

Hippopotamus amphibius, l’espèce introduite en Colombie, a permit de restaurer des fonctions écologiques de Hemiauchenia paradoxa, un paléo lama disparue car ils sont tous deux patureurs.

De nombreux herbivores introduits rétablissent des combinaisons de caractères qui ont la capacité d’influencer les processus écosystémiques, tels que des changements dans la structure de la végétation, l’augmentation de la disponibilité de l’eau dans les déserts par le pâturage, et la réduction des feux de forêt par la baisse de charges de carburant. Bien que les espèces introduites soient depuis longtemps une source de discorde, ces résultats indiquent qu’elles peuvent, en partie, restaurer des fonctions écologiques reflétant les derniers millions d’années avant des extinctions généralisées par l’homme.

Ces résultats appuient les appels à une recherche renouvelée sur l’introduction des herbivores à la lumière des changements paléoécologiques et suggèrent que la protection des prédateurs et des écosystèmes pourrait avoir de larges avantages pour la biodiversité.

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